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Des romans, encore des romans, toujours des romans.

Bouquinivore

Oscar et la dame rose

Oscar et la dame rose

LE ROMAN

Attention, grand classique ! J’ai nommé Oscar et la dame rose, un des ouvrages les plus célèbres d’Eric-Emmanuel Schmitt. Publié en 2002 par Albin Michel, il constitue la troisième partie du Cycle de l’invisible, œuvre composée de plusieurs romans traitant des religions, derrière Milarepa (éditions Albin Michel, 1997) et Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran (éditions Albin Michel, 2001). Apprécié par le public pour sa beauté et son message d’espoir, ce roman épistolaire fait aujourd’hui partie des incontournables de l’auteur. Il ne s’agit d’ailleurs pas vraiment d’un roman mais d’un court récit aux allures de conte.

 

Il était une fois Dieu et la vie

Oscar est un petit garçon atteint de leucémie dont l’univers se résume aux couloirs de l’hôpital pour enfants. Il va mourir très bientôt, il le sait, mais il ne pardonne pas aux médecins de ne rien lui dire, ni à ses parents d’être si tristes et embarrassés. La seule adulte à ne pas faire une tête d’enterrement en sa présence, c’est Mamie-Rose, une des dames en blouse rose qui viennent distraire les malades plusieurs fois par semaine. À elle, Oscar peut se confier sans se heurter à un mur de compassion. Avec ses gros mots et son passé de catcheuse, Mamie-Rose détone dans le décor aseptisé de l’hôpital. Elle raconte à Oscar ses glorieuses victoires au catch, lui conseille d’écrire à Dieu et le pousse à déclarer sa flamme à Peggy Blue, la petite patiente atteinte du syndrome d’Eisenmenger. Mais surtout, elle propose un jeu à l’enfant pour l’aider à accepter le peu de temps qu’il lui reste à vivre : Oscar devra vivre chaque jour comme s’il comptait pour dix ans.

Cette histoire simple et courte contient tous les ingrédients susceptibles de faire fondre ses lecteurs : le personnage principal est un enfant intelligent et curieux qui va débiter de jolies phrases émouvantes avant de mourir injustement. Comment ne pas finir en larmes ? Cela semble presque trop facile. D’ailleurs, certaines réflexions d’Oscar ne sont pas de son âge, certains mots qu’il emploie rappellent que ce n’est qu’un personnage créé par un adulte érudit. Tous ces aspects peuvent laisser sceptiques les amateurs de romans réalistes. Ils prennent en revanche tout leur sens si l’on considère Oscar et la dame rose comme un conte. Un conte épistolaire, puisque le récit n’est constitué que des lettres qu’Oscar adresse à Dieu pour lui raconter ses journées et lui confier ses interrogations. Par le regard naïf et simple que son petit personnage pose sur la vie et les gens, l’auteur nous fait passer quelques messages, à nous adultes souvent pressés et désenchantés. Ce qui compte n’est pas tant que l’histoire soit parfaitement vraisemblable, mais que le message soit fort et que l’histoire soit belle. En cela, je considère Oscar et la dame rose comme un livre très réussi.

 

LE FILM

Quelques années après la parution du livre, Eric-Emmanuel Schmitt passe derrière la caméra et réalise l’adaptation de sa propre production sous le même titre. Le film sort en 2009, avec Amir Ben Abdelmoumen dans le rôle d’Oscar et Michèle Laroque dans le rôle de la dame rose. 

Oscar et la dame rose

Dès les premières minutes du film apparaissent des modifications pour le moins surprenantes : Mamie-Rose n’est plus une vieille dame chargée d’amuser les petits malades, mais une vendeuse de pizzas en tailleur rose qui croise Oscar dans les couloirs de l’hôpital par le plus grand des hasards et commence par l’inonder d’insultes. Elle ne s’appelle plus Mamie-Rose (elle frôle à peine la cinquantaine) mais Rose. Pourquoi ce changement par rapport au livre ? Les autres personnages sont quant à eux très fidèles, en particulier Oscar, un adorable petit bonhomme curieux et culotté. Le fil rouge reste le même, avec quelques dialogues repris du livre mot pour mot. Au fil du film, je me suis aperçue que les quelques écarts par rapport au récit original, consternants de prime abord, ne nuisent absolument pas à l’histoire mais contribuent simplement à faire de ce film une entité indépendante. Michèle Laroque est parfaite dans le rôle de la fausse-méchante qui, en dépit de ses airs de combattante sans pitié, se laisse apprivoiser par un petit cancéreux. Ses récits de victoire au catch sont mis en images bariolées sur fond de hard-rock : ce sont des scènes complètement loufoques, sans doute tel qu’Oscar les imagine. Le film réserve ainsi plusieurs passages excentriques et merveilleux rappelant que le personnage principal est un enfant et que l’on est dans un conte. La relation qui se noue entre Rose et Oscar est pure au point qu’ils semblent ne se sentir bien que l’un avec l’autre, jusqu’à ce point de rupture où l’un et l’autre réalisent ce qui est important dans la vie : s’émerveiller, aimer, donner. Le message est parfaitement respecté, il n’a pas perdu de sa force en passant du papier à l’écran. Le ton reste juste et l’histoire émouvante. Que demander de plus ? C’est en définitive un film que j’ai beaucoup apprécié, quoique quelques éléments de moindre importance auraient mérité d’être mieux résolus à la fin (je pense particulièrement à la relation de Rose avec son amant, joué par le très ténébreux Thierry Neuvic).

 

EN BREF

Oscar et la dame rose est donc une œuvre à lire et à voir, à condition toutefois d’accepter de se laisser émouvoir. Je suis tombée sur certaines critiques négatives, du film surtout, regrettant son côté leçon de vie à faire pleurer dans les chaumières (cf : critiques de l’Express). Oui, l’histoire est triste, et oui, le sujet est cliché. C’est vrai. Il n’empêche que ce sont deux œuvres bien faites dont la morale est magnifique et universelle. Je les recommande donc l’une et l’autre.

 

Cam

Oscar et la dame rose, par Eric-Emmanuel Schmitt - Albin Michel

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